Urania Ligustica

Franz Xaver von Zach

Divagazioni sull'orientamento degli edifici (1818)

Orientamenti

Frontespizio


[...] Les grands hommes savaient mériter, mais non obtenir des monumens. Que feront par exemple, que penseront les antiquaires du XXXIX siècle, qui iront chercher dans Gènes les tombeaux d'un Christophe Colomb,1 d'un Antoine Nolli,2 d'un Barthélemy Pareto? 3Nolli? Pareto? Mais les noms de ces illustres Génois sont presque inconnus de nos jours! (*)

Où irai-je donc établir mon observatoire? An Forum? à la Curie? au Portique? au Cirque? à l'Amphithéâtre? Dans un Temple? Oui, dans un temple, et je me suis décidé pour celui d'Isis, par les raisons suivantes.

D'abord cet Edifice était le principal temple de Pompeïa. Il est même célèbre de nos jours, parceque c'est dans ce temple qu'on a trouvé, parmi une infinité d'ustensiles de bronze à l'usage des sacrifices, les fameuses Tables Isiaques, dont l'histoire est si remarquable, et qu'on conserve maintenant dans le musée du Roi de Sardaigne à Turin (d).

Ce temple est un des plus anciens de Pompeïa. Il est quadrilatère, et tout découvert (selon les règles de Vitruve) (e), long de 68 pieds, sur 60 de large, entouré d'un portique couvert, soutenu par huit colonnes de stuc, sur chacun de ses longs côtés, et par six sur la façade, toutes d'ordre dorique, ainsi que le prescrit encore Vitruve (f). Au fond du temple est le Sanctuaire isolé, où l'on monte par sept gradins de marbre. Ce Sanctuaire consiste en un [<316-317>] petit temple carré, orné de trois niches, et qui était jadis couvert d'une voûte, qui est tombée. Un vestibule soutenu par huit colonnes conduit a l'Autel, sur lequel ont été trouvés les débris de la statue d'Isis. On voit encore sous le même Autel, une très-petite chambre obscure, où l'on suppose que se cachait le prêtre, qui rendait les oracles au nom de la Déesse. Sur les deux longs côtés du temple, on voit deux grands autels isolés, sur lesquels probablement on immolait les victimes. C'est entre ces deux autels, vis-à-vis des huit gradins, par lesquels on monte au Sanctuaire, et où est à peu-près le centre du temple découvert, que j'ai placé mon cercle-répétiteur, et où j'ai fait toutes mes observations.

Une autre raison qui m'a porté a choisir ce temple pour mon lieu d'observation, de préférence à tout autre local, c'est que je voulais vérifier en même tems, si cet édifice était orienté. L'on prétend que tous les temples de l'antiquité l'étaient. Plusieurs historiens nous assurent, que dans tous les temples de l'Egypte, l'entrée regardait l'orient, et que par conséquent le Sanctuaire était à l'occident. Hérodote, rapporte que le portique du temple de Vulcain, bâti par Asychis, Roi d'Egypte, regardait l'orient. Celui du temple de Memphis, construit par Psammerichus était dans la même situation, au rapport de Diodore de Sicile. Porphyre, Dionysius Thrax, et d'autres, remarquent que telle était la construction de presque tous les anciens temples; l'entrée était à l'Orient, et ceux qui priaient regardaient l'occident. Mais cet usage changea insensiblement selon la remarque d'Hyginus, affranchi d'Auguste. On mit l'entrée des temples au couchant, et la figure de la Divinité au fond du temple à l'orient; de manière que ceux qui entraient dans le lieu saint et secret regardaient l'orient. D'où vient que Vitruve dit, que lorsqu'on bâtit des temples, il faut que la statue qui est placée au fond, soit tournée du côté de l'occident, afin que ceux qui viennent lui offrir des sacrifices, regardent vers l'orient [<317-318>] et vers la statue, et que la statue paraisse se lever, et les regarder de l'orient. Celte disposition paraît encore dans nos anciennes Eglises chrétiennes, qui presque toutes sont tournées vers l'orient, ayant leur ouverture a l'occident; (g) ensorte que ceux qui regardent le Maître-Autel ou le Sanctuaire, ont le visage tourné vers l'orient. Les anciens chrétiens se tournaient ordinairement vers le levant pour prier, ce qui donna lieu aux payens de les accuser d'adorer le soleil. (**)

Mais en cela, comme dans toute autre chose de pratique, il ne faut pas s'imaginer que les règles aient été tellement fixes et de rigueur, qu'on ne s'en éloignait jamais. On s'y conformait pour l'ordinaire, lorsqu'il n'y avait point de raison d'eu agir autrement; car Vitruve nous dit que si le terrain n'était pas libre et dégagé, on bàtissail les temples de telle manière que du lieu où il était l'on put voir la plus grande partie de la ville. Si l'on avait à bàtir sur un fleuve, l'entrée du temple regardait le lit du fleuve. C'est ainsi qu'en Egypte, où l'on bàtissoit ordinairement les temples sur le Nil, ils étaient placés ensorte que l'entrée regardait toujours du côté de ce fleuve. Les temples de Neptune étaient toujours sur les rivages, et leurs entrées donnaient sur la mer. Si l'on bâtissait le long des rues, on faisait ensorte que l'entrée du temple fut sur la rue, afin que les passans, dit Vitruve, pussent voir au dedans de l'édifice, et saluer en passant le Sanctuaire. Le Scoliaste de Pindare donne en général cette règle pour la situation, où l'on se mettait en priant. Eu adorant les grands Dieux ou se tournait vers l'orient, et en vénérant les [<318-319>] Héros, on regardoit l'occident. On ne fait plus de ces distinctions aujourd'hui.

Plusieurs historiens ont voulu nous assurer, que le temple de Salomon était orienté. Mais le vrai est que nous n'en savons rien. Les seules vraies sources qui pourraient nous le dire, les livres des Rois, d'Ezéchiel, les Paralipomènes, n'en parlent pas. Ce que nous en ont dit les Rabbins, et même Flavius Josephus, ne sont que des contes et des visions. Mais si l'on parle du temple bâti sur le mont Moria, on sait qu'il avait quatre portes, tournées vers les quatre parties du monde. Le temple proprement dit, ou la maison de Dieu, s'ouvrait à l'orient, et ceux qui venaient prier devant ce lieu saint avaient le visage tourné a l'occident. Le plan que nous a donné de ce temple le savant jésuite espagnol Villalpandi (***) nous fait voir une superbe, une magnifique pièce d'architecture judaïque, comme on aurait pu bâtir ce temple selon l'idée d'un jésuite, mais comme certainement, il n'a jamais été bâti.

Le Jésuite Riccioli nous assure, d'après son maître, un autre Jésuite, nommé Blancanus, que la sainte chapelle de Lorette, transportée, comme l'on sait, par les anges de Palestine en Dalmatie, et de Dalmatie dans la marche d'Ancone, est parfaitement orientée. "Ædem Beatissimæ Virginis Lauretanæ (dit Riccioli dans son Almageste. Tom. I, lib. I, cap. IX, pag. 13) divinitus ita collocatam esse, ut duae oppositae ipsorum faciès ad ortum, et occasum aequinoctialem, reliquae duae in meridiani circuli piano, una ad austrum, altera ad septentrionem sitae essent." On voit que l'Astronomie est employée par tout, et cela fait plaisir.

L'idée d'orienter selon les quatre régions du monde les grands édifices, les monumens publics, est non seulement de la plus haute antiquité, mais elle parait encore [<319-320>] assez naturelle (h). Tous les peuples nomades, tournent l'ouverture de leurs tentes a l'orient, pour être prêts à recevoir les premiers rayons du soleil renaissant. On sait que l'on a toujours prétendu, et personne n'en a jamais douté, que les quatre faces des pyramides d'Egypte, étaient orientées selon les quatre points cardinaux. M. de Chazelles, membre de l'Académie Royale des Sciences de Paris, et un de plus distingués collaborateurs de Cassini à la grande méridienne de France, a été le premier à faire cette observation. [...]


Note a pie' di pagina

(*) Nous en reparlerons une autre fois. Raphael Soprani ne connaissait pas Pareto. Passe pour celui là! Mai il ne connaissait pas non plus Nolli. C'est impardonnable! Son livre porte pourtant le titre: «I Scrittori della Liguria, E PARTICOLARMENTE DELLA MARITTIMA.» (Genova 1667). [A pie' di p. 317].

(**) Nos navigateurs modernes n'auraient-ils pas, par hazard, accusé de la même manière, les peuples, qu'ils sont allés visiter? sans aller outremer, ne connait-on pas l'histoire de plusieurs savans voyageurs, au milieu de l'Europe. Par exemple celle de Biornstal, et ce qui lui est arrivé à la Haye. Celle de La Lande, et ce qui lui est arrivé à Milan, à la Bibliothèque ambrosienne, avec le fameux Palmier. Anecdote que je ne rapporterai pas, puisque on la raconte à tous ceux qui vont voir cette bibliothèque ..... Exempla sunt odiosa. [A pie' di p. 318].

(***) Pradi (Hyeron. et Joh. Bapt. Villalpandi) Explanationes in Ezechielem Romæ 1596-1604, 3 vol. in-fol., avec fig.


Note alla fine della Lettre

(g) C'était ainsi dans les églises d'occident, mais il n'en était pas de même dans celles d'orient. On s'y conformait plutôt à la pratique des Juifs, en mettant la porte du côté de l'orient, et l'autel du coté de l'occident. Mais ces usages changèrent insensiblement, et l'on n'y fait plus attention. A Gênes, par exemple, les portes des églises les plus anciennes sont presque toutes tournées à l'occident; on trouvera placé de telle manière celle de l'Église de S. Stefano (de l'an 972) de S. Maria delle Vigne (980) du Dôme de S. Lorenzo (985) de S. Donato (1109) de S. Matteo (1125) de S. Salvatore (1141) de S. Agostino (1190).

En revanche on trouvera la porte de l'Église de S. Siro, aussi ancienne que celle de S. Lorenzo, tournée au midi. L'ancien [<336-337>] Portail, (car il y en a maintenant un nouveau) de l'Église de S. Giovanni di Pré, appartenant autrefois à l'ordre de Malte, et qui date de l'an 1098, est aussi du côté du midi, ainsi que celui de S. Domenico, de l'an 1131.

Quoique l'église della S. Annunziata del Vastato, soit de l'an 1228, elle n'a reçu sa forme et sa magnificence présente qu'en 1537. Son portail donne tout droit au midi. Celle église aurait par conséquent été très-propre pour y établir un gnomon très-symétrique, qui aurait passé au beau milieu du pavé,4 mais l'on sait qu'aujourd'hui ces espèces de méridiennes ne sont d'aucune utilité. Voyez ce que nous en avons dit, dans notre premier Cahier, page 6 et 7. Je ne parlerai pas des églises plus modernes, qui ont leurs portails, et leurs autels tournés dans toutes les directions, comme par ex. l'église de S. Filippo Neri, bâtie en 1674, dont l'entrée est à l'Est-Sud-Est.

(h) J'ai dit, que l'idée d'orienter les édifices était assez naturelle, en voici une raison, que l'expérience, l'institutrice du genre humain, aura appris aux hommes. Dans tous les pays méridionaux, et par conséquent très-chauds, on trouvera presque toutes les maisons de campagne, lorsque le local ne s'y oppose pas, à-peu-près orientées. C'est-à-dire, les façades et les corps de logis sont tournés comme des serres, au midi. On souffrira dans des maisons ainsi situées, moins de la chaleur en été, et moins du froid en hyver; au lieu que si les appartemens qu'on habite, étaient tournées au levant, ou au couchant, on en souffrirait incomparablement davantage. Si vos appartemens donnent sur l'orient, ou sur l'occident, le soleil en été les échauffera pendant quatre ou cinq heures de suite, parce qu'il y donnera depuis son lever jusque vers les dix heures du matin. Ce sera la même chose au couchant, où pendant quatre à cinq heures le soleil aura continuellement échauffé les murs de vos appartemens, ce qui leur communiquera une chaleur insupportable. Si au contraire vos chambres sont tournées au midi, le soleil ne les atteint presque pas en été, car lorsqu'il commencera à les éclairer, vers les dix à onze heures du matin, ou vers les deux à trois heures du soir, il est si élevé, qu'il ne donnera que sur le toit de la maison, et presque pas sur les appartemens, surtout du rez-de-chaussée. [<337-338>]

Les maisons ainsi placées ont pour l'ordinaire des appartemens au nord, ou du moins des communications, des portes ou des fenêtres. Ou peut alors y établir un courant d'air rafraîchissant et agréable, ce qu'on ne peut pas faire avec des fenêtres qui correspondent de l'Est à l'Ouest, par lesquelles on n'établira qu'un torrent d'air suffoquant. C'est le contraire en hyver. Le soleil par ses amplitudes ortives et occases, donnera de bonne heure sur vos appartemens, et les échauffera pendant sept à huit heures de suite, à midi même le soleil ne monte jamais si haut, qu'il ne puisse donner dans ces appartemens, lesquels par conséquent auront toujours pendant l'hyver une température douce et fort agréable. J'ai vu des Voyageurs du Nord, qui étaient venus s'établir pour leur santé à la campagne, dans le midi de la France, ou de l'Italie, souffrir beaucoup, faute d'attention à ces circonstances, qu'ils ne connaissaient pas.5




1 L'erezione del grandioso monumento genovese a Colombo in piazza Acquaverde, di fronte alla stazione di Porta Principe, è iniziata nel 1846. Nel 2006 è stata inaugurata la Galleria Colombiana nella nuova sede dell'Archivio di Stato di Genova Link esterno Colombo/Colón.

2 Antonio e Bartolomeo da Noli, navigatori genovesi di origine nolense, hanno scoperto le isole di Capo Verde nel 1456, al servizio del Portogallo Link esterno Wikipedia.

3 Il cartografo Bartolomeo Pareto ha realizzato anche la Carta Portolanica del 1455, ritrovata nel 1877 in un ripostiglio murato nel Collegio Romano Link esterno Google libri. Ai cartografi e navigatori liguri sarà dedicata una sezione di Urania Ligustica.

4 Evidentemente von Zach non conosceva la vicenda della meridiana tracciata da Cassini, Maraldi e Salvago, né ve ne era memoria tra i frati. Cfr. R. Balestrieri, "Datazione e paternità delle linee meridiane genovesi", Atti XIX Congresso nazionale di storia della fisica e dell'astronomia (CNR, Como, 28-29/5/1999), pp. 129-138 Link esterno SISFA.

5 F. X. von Zach, "Lettre XVIII" [Anciennes villes près Naples ensevelies sont les cendres par les éruptions du Vésuve], Correspondance astronomique, géographique, hydrographique et statistique, 1 (Genova, A. Ponthenier, 1818), note (g) e (h) alle pp. 336-338 Link esterno Google libri (per Oxford University). L'articolo, in effetti, non ha titolo, ma si deve considerare come tale quello riportato nell'indice del fascicolo, a p. 411. L'ironia del barone è stata una lieta scoperta per il curatore di queste pagine!



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