Urania Ligustica

Delizie in villa

Paris Maria Salvago

Osservazioni meteorologiche 1

Delizie in villa



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COMPARAISON
DES OBSERVATIONS
DU BAROMETRE
Faites en differens lieux.
Par M. Maraldi.


     Pour parvenir à connoître la cause des Phénomenes que l'on remarque par le moïen du Barometre, il ne suffit pas d'avoir des observations faites dans un seul endroit, il est nécessaire d'en faire aussi en differens païs, comparer ces observations ensemble, remarquer ce qu'elles ont de conforme, & les differens qui s'y rencontrent.

     Sans un grand nombre de ces observations on est sujet à se tromper, en expliquant par des causes qui ne seroient propres qu'à un païs particulier, des phénomenes qui peuvent avoir des causes plus génerales; & on pourroit considerer comme une proprieté de toute la masse de l'air, ce qui ne lui convient que dans quelques circonstances, ou dans une certaine étenduë de païs.

     Plusieurs Sçavans qui ont reconnu l'utilité qu'on pourroit tirer dans la Physique, des observations du Barometre, se sont appliquez depuis quelque tems à les faire en differens païs. M. de Marquis Salvago m'aiant communiqué celles qu'il avoit faites à Genes depuis trois ans, je les ai comparées avec les nôtres qui ont été faites en même tems à l'Observatoire. Dans la comparaison de ces observations nous y en avons trouvé qui ont quelque chose de particulier, & que j'ai crû devoir remarquer. Je rapporterai ensuite des experiences sur la dilatation de l'air faites proche de l'équinoxial, que j'ai eu occasion d'examiner. [<233-234>]

     Dans les observations que M. le Marquis Salvago a faites à Genes, il s'est servi d'un Barometre simple divisé en pouces & en lignes du pied de Paris. Ce Barometre est situé dans un appartement où le mercure se tient une ligne plus bas qu'au bord de la mer, ainsi qu'il a été trouvé par l'observation; de sorte que si on veut réduire au niveau de la mer les observations de Genes, il faudra ajoûter une ligne à chaque hauteur du mercure que je rapporterai dans la suite.

     Dans le rapport de ces observations on ne suivra pas l'ordre du temps dans lequel elles ont été faites; mais je commencerai par les plus remarquables.

     L'an 1707 à Paris depuis le 15 Novembre jusqu'àu 18 le Barometre resta pendant quatre jours à la hauteur de 28 pouces à une demi-ligne prés; le jour suivant 19 Novembre il descendit à 27 pouces 4 lignes, aïant baissé 8 lignes en 24 heures; le jour suivant il s'éleva de nouveau de dix lignes, s'étant trouvé le 20 Novembre à 28 pouces 2 lignes; pendant cette variation la constitution de l'air n'a point changé, le ciel aïant été tranquille & serein.

     La même année 1707 à Genes depuis le 15 Novembre jusqu'au 18, le mercure resta à la hauteur de 28 pouces un peu plus, comme il avoit été les mêmes jours à Paris. Le jour suivant 19 Novembre à Genes le vent étant Sud, le Barometre étoit descendu à 27 pouces 5 lignes, aïant baissé en un jour de 7 lignes à Genes à peu prés comme il fit le même jour à Paris. Il ne resta que ce jour-là dans la même situation; mais il s'éleva de nouveau le jour suivant à 28 pouces, & le 21 à 28 pouces 2 lignes, comme il étoit arrivé à Paris, le vent étoit tourné au Nord.

     La même année 1707 depuis le 20 Novembre jusqu'au 28, le Barometre resta à Genes & à Paris presque toûjours à 28 pouces une ligne. Pendant ces 8 jours à Paris le vent a été quelquefois à l'Oüest & quelquefois au Nord-Oüest; à Genes le vent étoit toûjours Nord.

     Le 30 Novembre à Paris le Barometre baissà à 27 pouces 0 lignes, le vent étant Nord-Oüest. Le premier de Decembre [<234-235>] il s'éleva de nouveau à 27 pouces 10 lignes, le vent étant Oüest & le ciel serein; le jour suivant il s'éleva encore de deux lignes aïant été à 28 pouces; de sorte que à Paris depuis le 28 Novembre jusqu'au 30 il baissa en deux jours de plus d'un pouce, & du 30 Novembre au premier Decembre en 24 heures il s'éleva de 10 lignes.

     Les mêmes variations à peu prés sont aussi arrivées à Genes dans les mêmes jours. Par les observations de M. le Marquis Salvago depuis le 28 Novembre que le Barometre étoit à 28 pouces une ligne, il descendit le 30 à 27 pouces 4 lignes, aïant baissé de 9 lignes en deux jours, le vent étant Nord-Est; le jour suivant il s'éleva de 5 à 6 lignes un peu moins de ce qu'il avoit fait le même jour à Paris.

     On voit par ces observations, qu'il arrive en peu de temps des grandes variations dans la hauteur du Barometre tant à Paris qu'à Genes, & qu'il y a une grande conformité dans ces variations qui sont arrivées en même tems en des païs aussi éloignez. On voit aussi qu'elles n'ont pas beaucoup de rapport avec les changemens des vents; car les variations du Barometre qui arriverent du 19 au 20 Novembre, se firent à Paris sans aucun changement remarquable de vent, & si ce jour là le Barometre baissa à Gennes par un vent de Sud-Est, & s'éleva par un vent de Nord; dans la variation qui arriva le 28, le Mercure y baissa par le Nord-Est, vent qui pour l'ordinaire le fait monter. De même à Paris le Barometre y baissa par un vent de Nord-Oüest, & s'éleva par un vent d'Oüest par lequel il a coûtume de baisser. Mais quelle rapidité ne faudroit il pas donner aux vents pour causer en même temps des changemens si prompts en des villes aussi éloignées?

     Ce n'est pas seulement dans ces variations subites & qui arrivent fort rarement, que l'on trouve cette conformité; il y a encore le même accord dans les changemens du Barometre qui se font plus lentement, & qui arrivent en ces deux villes pendant toute l'année. [<235-236>]

     Comme il seroit long de rapporter toutes les observations faites pendant les trois dernieres années dans lesquelles on trouve cet accord, j'ai fait un choix des plus remarquables.

L'an 1706[sito]BarometreVent[sito]BarometreVent
Le 1 Janvierà Paris27 0Sudà Genes27 3-
Le 7 Janvierà Paris28 0tranquilleà Genes28 0½Nord

     Depuis le 1 Janvier jusqu'au 7 dans l'intervalle de six jours le mercure s'éleva de 12 lignes à Paris, & de 9 & demi à Genes.

Le 13 Fevrierà Paris27 3Sudà Genes27 5Sud-Est
Le 19 Fevrierà Paris28 1tranquilleà Genes27 11½Nord

     Depuis le 13 jusqu'au 19 en six jours le Barometre s'est élevé de 10 lignes à Paris, à Genes de six.

Le 31 Octob.à Paris28 0tranquilleà Genes28 0tranquille
Le 4 Novem.à Paris26 9S.E. pluïeà Genes27 1Sud-Ouest
Le 20 Nov.à Paris27 11Sudà Genes28 1Nord

     Par les observations du 31 Octobre & du 4 Novembre en 4 jours le Barometre baissa à Paris de 13 lignes; il baissa dans le même tems à Genes de 11 lignes, quoique les vens fussent differens. Le 20 Novembre le Barometre s'étoit élevé à une grande hauteur, étant la même à deux lignes près en ces deux villes, quoique le vent fût Sud à Paris, & Nord à Genes.

Le 10 Dec.à Paris28 1tranquilleà Genes28 4Nord
Le 15 Dec.à Paris27 1Ouestà Genes27 5Sud-Est

     Par ces observations le Barometre baissa en cinq jours environ un pouce à Paris & à Genes.

L'an 1707
Le 13 Marsà Paris27 11Ouestà Genes28 0Nord
Le 17 Marsà Paris27 5Nord-Està Genes27 8Sud-Est

     En quatre jours le Barometre baissa de 6 lignes à Paris, & de 4 à Genes, quoique le vent fût fort different.

Le 20 Juilletà Paris27 11S. foibleà Genes28 0Nord foib.
Le 24 Juilletà Paris27 4½Nord-O.à Genes27 6Sud-Est

     Le 20 Juillet les vens étant opposés à Paris & à Genes, le Barometre s'y trouva presque également élevé; il baissa [<236-237>] ensuite de six lignes de part & d'autre en quatre jours, les vens aïant changé & étant encore opposez, c'est-à-dire, Nord-Ouest à Paris, & Sud-Est à Genes.

Le 22 Dec.à Paris27 10Sud-Ouestà Genes28 0Sud-Est
Le 27 Dec.à Paris27 2tranquilleà Genes27 2Nord-Est

     En cinq jours le Barometre baissa de 8 lignes à Paris, & de 10 à Genes.

L'an 1708[sito]BarometreVent[sito]BarometreVent
Le 11 Janv.à Paris26 10tranq. sereinà Genes27 3S.O. couv.
Le 17 Janv.à Paris27 8Sud-Ouestà Genes27 11S.E. serein

     Le Barometre s'éleva en six jours à Paris de 10 lignes, à Genes de 8, les vents étant fort differens en ces deux Villes.

Le 6 Fevrierà Paris27 2¾Ouestà Genes27 6⅓Nord
Le 10 Fevrierà Paris27 10tranquilleà Genes28 0Nord

     Par ces observations le Barometre s'éleva de six lignes en ces deux Villes, à Paris le vent aïant été variable, à Genes il étoit toûjours Nord.

Le 20 Marsà Paris27 8¾tranq. sereinà Genes27 7tranquille
Le 22 Marsà Paris27 2Nordà Genes27 3⅓Nord

     Le Barometre étant à une hauteur moïenne baissa en deux jours de six lignes à Paris, de quatre à Genes par un vent de Nord qu'il faisoit en ces deux villes.

Le 8 Mayà Paris27 11-à Genes28 0Nord
Le 17 Mayà Paris27 4Sud-Ouestà Genes27 5¾Sud-Est
Le 19 Nov.à Paris28 2½tranquilleà Genes28 2tranquille
Le 23 Nov.à Paris27 6Nord-OuestLe 24 à Genes27 5pluïe
Le 24 Nov.à Paris27 11¾N.OuestLe 25 à Genes27 10Nord

     Le 19 le Barometre étant à une grande hauteur, baissa ensuite jusqu'au 23, & du 23 au 24 il s'éleva de six lignes en un jour. Mais à Genes il ne fit cette variation qu'un jour après qu'elle arriva à Paris.

Le 10 Dec.à Paris27 11½tranquilleà Genes27 11Nord
Le 15 Dec.à Paris27 1pluïeà Genes27 5pluïe

     Par toutes ces observations & par beaucoup d'autres que je ne rapporte point, il est constant qu'il y a un grand accord dans les variations qui arrivent en même-tems au [<237-238>] Barometre à Paris & à Genes, soit que ces changemens soient prompts & subits comme ceux qui ont été rapportez les premiers, soit que ces changemens se fassent plus lentement comme ces derniers.

     Cette correspondance des changemens du Barometre paroît n'avoir pas beaucoup de rapport avec la constitution de l'air, ni avec les vents qui regnent en même tems en differens païs; car le mercure s'éleve à Genes lorsqu'il s'éleve à Paris, & il baisse de même, soit qu'en ces deux Villes il y ait la même constitution d'air ou qu'il y regne le même vent, ce qui est fort rare; soit que l'un & l'autre soient differens. Ce seroit une chose digne d'être examinée par des observations faites en des lieux fort éloignez, jusqu'à quelle distance se trouve une telle conformité des variations du Barometre.

     Cette longue suite d'observations de Paris & de Genes comparées ensemble, fait connoître que pour trouver la hauteur des Montagnes par les experiences du Barometre faites en même tems en differens endroits de la maniere qui a été proposée dans les Memoires de l'Academie, il faut se servir de celles où le mercure se tient dans le Barometre à une hauteur moïenne, & préferer celles-cy aux autres dans lesquelles le mercure se trouve proche des plus grandes & des plus petites élevations, parce que dans les hauteurs moïennes du mercure les differences entre differens païs sont plus uniformes.

     Par la comparaison des observations faites avec ce choix, on trouve entre Paris & Genes une difference de trois lignes de hauteur de mercure dont il se tient plus élevé à Genes qu'à Paris; & puisque dans les observations de Genes le Barometre est une ligne plus bas qu'il ne seroit au bord de la mer, il résulte une difference de 4 lignes de mercure entre les observations de Paris & celles qui auroient été faites à Genes au bord de la mer. Cette difference entre le niveau de la mer de Genes & Paris, s'accorde avec celle qui a été concluë par les observations de Paris & de Collioure, rapportées dans les Memoires [<238-239>] de l'Academie du mois de Novembre 1703.

     Il a été remarqué dans ce Memoire, que les differences qui arrivent au Barometre dans un même lieu entre la plus grande & la plus petite élevation, sont plus grandes dans les païs Septentrionaux que dans les Meridionaux où ces differences vont en diminuant; de sorte que vers l'Equinoxial elles se réduisent à peu de chose.

     Plusieurs observations que nous avons reçûës depuis ce tems-là de divers endroits, sont conformes à cette remarque. A Upminster en Angleterre qui est plus Septentrional que Paris, les variations du Barometre y sont aussi plus grandes qu'à Paris; celles de Paris sont plus grandes qu'à Genes, & les variations observées à Genes sont aussi plus grandes que celles qui résultent des observations du P. Laval faites l'année derniere à Marseille qui est plus meridionale que Genes.

     Cette remarque qui est confirmée par un grand nombre d'observations faites en même-tems en differens endroits, ne se vérifie pas à l'égard des observations faites par M. Scheuchzer à Zuric ces trois dernieres années; car quoique Zuric soit beaucoup plus Septentrional que Genes, les variations ont été observées un peu plus petites à Zuric, bien loin d'y avoir été plus grandes qu'à Genes. L'an 1706 la difference entre la plus grande & la plus petite élevation du Barometre, a été à Zurich de 10 lignes. A Genes la même année cette difference fut d'un pouce & une ligne. L'an 1707 à Zuric elle résulte de 11 lignes, à Genes elle fut d'un pouce. L'an 1708 par les observations faites à Zuric avec le Barometre droit que je crois préferable au Barometre incliné, la variation se trouva de lo lignes, à Genes un pouce, à Marseille de 10 lignes & demi comme à Zuric.

     Il faut remarquer que les lieux des observations où cette régle se trouve, sont situez à des hauteurs peu differentes les unes des autres, & sont peu élevez sur la surface de la mer, ainsi qu'il paroît par la difference des hauteurs du Barometre qui se trouve entre ces observations; [<239-240>] & à l'égard de celles qui ont été faites proche le niveau de la mer. Mais il n'en est pas de même des observations de Zuric dont les observations ne sont pas conformes à cette régle. Car par les observations faites pendant toute l'année 1708 à Genes & à Zuric & comparées ensemble, on trouve entre le niveau de la mer & Zuric une difference d'un pouce & 8 lignes de mercure; ce qui fait voir que le lieu des observations de Zuric est fort élevé au dessus des lieux des autres observations, & encore plus sur le niveau de la mer.

     Cette variation du Barometre moindre dans les lieux élevez que dans les lieux bas, est aussi confirmée par des observations que le P. Laval Jesuite envoïa l'année derniere à l'Academie; car ayant fait pendant dix jours de suite les observations du Barometre sur la montagne du S. Pilon qui est plus Septentrionale de deux minutes de degré que Marseille, & qui est élevée sur le niveau de la mer d'environ 480 toises; les aïant comparées avec celles qu'on faisoit en même-tems à l'Observatoire de Marseille, il trouva qu'à Marseille le Barometre y varia de deux lignes & trois quarts, lorsqu'il ne varia qu'une ligne & trois quarts au S. Pilon.

     Le P. Laval attribuë cette difference, partie à la chaleur qui est moins grande dans les lieux élevez que dans les lieux bas, partie à la nature de l'air qui dans les lieux élevez étant plus rarefié, est moins sujet aux alterations qui contribuent à sa pesanteur ou à sa legereté.

     On pourroit supposer que c'est quelque matiere étherogene répanduë dans l'air, qui cause une partie de ces variations & qui fait un plus grand effet dans l'air inferieur que dans le superieur.

     Ayant comparé ensemble les experiences du Barometre faites jusqu'à present en diverses parties de la Terre pendant toute l'année, j'ai reconnu que les variations du Barometre observées à Zuric, approchent beaucoup plus des variations observées proche de l'Equinoxial, que ne sont les autres faites jusqu'à present en Europe. [<240-241>]

     J'ai examiné par cette occasion diverses experiences faites près de l'Equinoxial sur la dilatation de l'air, pour voir si l'air de ce climat en se dilatant suivoit la raison reciproque des poids dont il est déchargé, suivant la régle de M. Mariote.

     Ces experiences ont été faites à Malaque par le P. de Beze Jesuite, durant un séjour de sept mois qu'il fit dans la même ville, qui quoique située à deux degrez de Latitude Septentrionale, joüit, suivant le rapport du même Pere, d'un air assez temperė pour le climat, la chaleur y étant moderée & presque toûjours la même.

     Ces experiences sont rapportées parmi les Observations Physiques & Mathematiques imprimées l'an 1692 avec des Notes du P. Goüie en ces termes:

     Un habile Physicien me dit avant mon départ de France, qu'on l'avoit assûré qu'il ne se trouvoit pas de difference sensible au Barometre dans tous les lieux qui sont situez entre les Tropiques, pourvû que l'observation se fît dans un lieu de niveau de la mer. Je voulus lorsque je fus arrivé aux Indes m'assurer moi-même si ce qu'on lui avoit dit étoit vrai; & comme je n'avois pas de Barometre monté, je me servis d'un tube de verre long de 29 pouces, scellé hermetiquement, & exactement divisé en pouces & en lignes, avec lequel je fis l'experience de Toricelli en divers lieux entre les Tropiques; mais j'ay partout trouvé une différence assez sensible dans l'élevation du mercure, non-seulement par rapport aux differens endroits où j'ai observé, mais souvent aussi dans un même lieu où le vif-argent étoit plus ou moins élevé suivant les diverses dispositions de l'air; quoiqu'à dire le vrai cette difference n'égale pas celle qu'on trouve hors des Tropiques, puisque suivant ce que j'en ai pû observer, elle n'excede pas 5 ou 6 lignes.
     J'ai déja envoïé en France les experiences que j'avois faites sur ce sujet à Siam & à Pondicheri. Voici celles que nous avons faites à Malaque & à Batavia.
     Aïant choisi à Malaque un jour où l'air paroissoit fort [<241-242>] pur & le ciel n'étoit chargé d'aucuns nuages, pour faire l'experience: nous trouvâmes que le mercure du Tube se soûtenoit constamment à la hauteur de 26 pouces 6 lignes au-dessus de la surface de celui qui étoit dans le bassin.
     La chaleur étoit pour lors assez grande pour le climat, & le Thermometre étoit à 69 degrez.
     Comme j'ai remarqué par plusieurs experiences, que le mercure se soûtenoit ordinairement à une plus grande élevation lorsque la chaleur étoit moins grande, & qu'il descendoit au contraire lorsque la chaleur augmentoit, quoique le Ciel fût également serein & découvert, j'ai crû qu'il seroit bon de marquer en faisant l'observation du Barometre, les degrez du Thermometre, quoiqu'il n'y ait pas une exacte proportion entre l'un & l'autre.
     Voulant ensuite éprouver la force élastique de l'air, on a laissé trois pouces d'air en haut du tube, & l'aïant renversé dans le vif-argent où il enfonçoit de 7 lignes, celui du tube est resté à la hauteur de 20 pouces 7 lignes au-dessus de la superficie de l'autre; & l'air dilaté a occupé 7 pouces 10 lignes.
     Aïant laissé après cela 7 pouces 6 lignes d'air, le mercure est resté à la hauteur de 16 pouces, & l'air dilaté occupoit 12 pouces 5 lignes.

     En considerant ces observations, il est aisé de voir qu'elles ne suivent pas la regle de M. Mariotte; car dans la premiere experience 7 pouces 10 lignes d'air dilaté après le renversement du tuyau, à 3 pouces d'air naturel avant le renversement, n'a pas la même proportion que 26 pouces 6 lignes de mercure dans le vuide, à 5 pouces 5 lignes excés de 26 pouces 6 lignes à 20 pouces 7 lignes; hauteur qu'avoit le mercure avec l'air dilaté, comme il devoit être suivant la regle. Il en est de même de la seconde experience; mais dans ces deux experiences la proportion de l'air dilaté à l'air naturel est moindre que l'atmosphere, à la difference entre la hauteur du mercure dans le vuide & la hauteur du mercure avec l'air dilaté.

     Aiant calculé ces deux experiences pour connoître [<242-243>] quelle devoit être la dilatation de l'air par la regle ordinaire; dans la premiere où l'air naturel étoit de trois pouces, aprés le renversement l'air dilaté devoit occuper suivant la regle 9 pouces 11 lignes; mais par l'experience il n'occupoit que 7 pouces 10 lignes; la difference entre l'experience & la regle est deux pouces & une ligne, dont l'espace occupé par l'air dilaté étoit moindre.

     Dans la seconde experience, 7 pouces & six lignes d'air naturel après le renversement devoit se dilater & remplir suivant la regle l'espace de 15 pouces 1 ligne; mais par l'observation il n'en occupoit que 12 pouces & 5 lignes; la difference entre l'observation & la regle est deux pouces 8 lignes, dont l'observation est moindre, & par conséquent suivant ces experiences l'air de Malaque ne suit pas la regle & se dilate moins que celui de l'Europe.

     Outre ces experiences faites dans un tems que l'air étoit pur & serein, le P. de Beze en fit encore d'autres pendant que le Ciel étoit moins pur & fort couvert des nuages, & que la hauteur du mercure dans le vuide étoit plus grande que dans les observations précedentes.

     Voici comment elles sont rapportées à la suite des premieres.

     A la fin de la Lune le Ciel étant fort couvert, & l'air moins pur qu'à l'ordinaire, je réïterai ces experiences dans le même lieu, le Thermometre étoit à 63 degrez.
     Aïant rempli le tube de mercure & l'ayant renversé dans celui du bassin où il enfonçoit d'un pouce, il se soûtint à la hauteur de 26 pouces 10 lignes, & un quart au dessus de la surface du vif-argent.
     Aïant mis ensuite du mercure dans le tube jusqu'à la hauteur de 26 pouces, afin qu'il restât 3 pouces d'air, l'aïant plongé dans le mercure, l'air se dilatant a occupé 7 pouces 5 signes & demi, & le vif-argent 20 pouces 6 lignes & demi.
     Aïant laissé 6 pouces d'air le mercure s'est soutenu à la hauteur de 17 pouces 2 lignes & un quart, & l'air dilaté [<243-244>] a rempli le reste de l'espace 10 pouces 9 lignes & trois quarts.
     Aïant laissé 9 pouces d'air le mercure n'a occupé que 14 pouces 6 lignes, & l'air dilaté 13 pouces 6 lignes. Ces experiences ont été faites dans un lieu élevé de 15 ou 20 pieds perpendiculaires au-dessus du niveau de la mer.

     Par la comparaison que nous avons faite de ces observations avec la regle, on trouve entre l'une & l'autre les mêmes differences que dans les observations précedentes; car les trois pouces d'air naturel aprés le renversement s'est dilaté de sorte, qu'il occupoit seulement 7 pouces 5 lignes & demi, au lieu que par la regle il devoit contenir un espace de 9 pouces 6 lignes & demi. La difference entre l'observation & la regle est deux pouces une ligne & demi, à une demi-ligne près de ce qui s'est trouvé dans la premiere des experiences précedentes; ce qui marque la précision des unes & des autres.

     Dans la seconde experience, six pouces d'air naturel enfermé dans le tuyau, après le renversement remplit l'espace de 10 pouces 9 lignes & trois quarts; cet espace par le calcul fondé sur la regle, devoit être 13 pouces 3 lignes. La difference est deux pouces 5 lignes & trois quarts, dont la dilatation se trouve moindre par l'observation que par la regle.

     Dans la derniere experience, 9 pouces d'air naturel enfermé dans le tuyau s'étant dilaté par le renversement, occupoit 13 pouces 6 lignes, & par le calcul fondé sur la regle, il devoit remplir 16 pouces 1 ligne & un quart. La difference est deux pouces sept lignes & un quart, dont l'experience donne moins que la regle.

     Il est donc constant par toutes les experiences du P. de Beze, que la dilatation de l'air qui en résulte, est beaucoup plus petite que celle de nôtre air, & qu'elle ne suit pas la proportion qu'on trouve par les experiences d'Europe.

     On pourroit supposer que ce phénomene vient de la constitution particuliere de l'air de Malaque, qui étant [<244-245>] fort rarefié par la chaleur du climat, est ensuite moins susceptible d'une aussi grande dilatation que le nôtre; mais autant qu'on en peut juger par des experiences faites en Europe, cette seule explication n'est pas suffisante pour rendre raison de la grande difference qui se trouve entre la dilatation de nôtre air & celui de Malaque, quand même on supposeroit que la chaleur qui causeroit certe rarefaction est aussi grande que celle de l'eau boüillante. Voici les observations que nous avons faites.

     J'ai pris un tuyau long de 38 pouces dans lequel j'ai mis du mercure jusqu'à la hauteur de 35 pouces, de sorte qu'il restoit 3 pouces d'air; j'ai plongé tout ce tuyau dans l'eau boüillante pour faire rarefier l'air qui y étoit contenu; j'ai bouché ensuite avec le doigt l'ouverture, & aïant retiré le tuïau de l'eau, je l'ai renversé dans le vif-argent; ensorte qu'il y enfonçoit d'un pouce. Immédiatement après le renversement le mercure se tenoit à peu de lignes près où il se tient par la seule dilatation sans l'avoir rarefié. Mais on voïoit monter le mercure dans le tuïau, à mesure que l'air se condensoit en se refroidissant; & lorsqu'il a été entierement refroidi, le mercure est monté un pouce & deux lignes plus qu'il n'étoit immediatement aprês le renversement, & plus que ne demandoit la regle de M. Mariotte, & par conséquent l'air rarefié étoit moins dilaté que par la regle de la même quantité d'un pouce & deux lignes. Nous avons trouvé par les experiences de Malaque que les trois pouces d'air se sont dilatez deux pouces & une ligne moins que par la regle; l'air de Malaque se dilate donc moins que nôtre air rarefié par la chaleur de l'eau boüillante.

     J'ai fait la même experience sur six pouces, ensuite sur 9 pouces d'air, & j'ai toûjours trouvé que nôtre air rarefié par la chaleur, se dilatoit beaucoup moins que l'air de Malaque, & que la difference qui s'y trouve à l'égard de la regle, est le double plus grande dans l'air de Malaque que dans le nôtre rarefié. D'où l'on peut inferer que cette moindre dilatation de l'air de Malaque ne vient [<245-246>] pas seulement des grandes chaleurs du climat, mais de sa nature moins propre à se dilater que le nôtre.

     Puisque l'air se dilate autrement à Malaque qu'il ne fait en France à pareille hauteur à peu prés de la surface de la mer, & qu'en France à des grandes hauteurs la dilatation se trouve differente de celle qui arrive à l'air inferieur, ainsi qu'il résulte des observations faites sur les Montagnes d'Auvergne & du Roussillon, on peut inferer, que toute la masse de l'air n'a pas la proprieté de se dilater suivant la raison des poids. On peut aussi inferer de ces differentes dilatations, que l'air est estherogene dans ces differentes parties, & qu'ainsi on doit être circonspećt à fonder un systême general sur des experiences particulieres, quelque sûres & quelque nombreuses que soient ces experiences.

     Il faut remarquer qu'en Cayenne, dont le parallele n'est éloigné de celui de Malaque que de deux degrez & demi vers le Septentrion, les réfractions des Astres ont été trouvées plus petites qu'en Europe. Ce seroit une chose à examiner, s'il se trouve quelque rapport entre la maniere dont l'air se dilate sous divers climats, & les differentes réfractions des objets celestes qu'on observe à des hauteurs égales sur la surface de la mer.




1 G. F. Maraldi, "Comparaison des observations du barometre faites en differens lieux", Histoire de l'Académie Royale des Sciences - Année MDCCIX. Avec les Mémoires... (Paris, Compagnie des libraires, 1733), pp. 233-246 delle Mémoires File PDF Link esterno Gallica. La memoria è stata presentata all'Accademia il 20 luglio 1709. Trascrizione integrale, con accenti invariati.

Altra edizione (Paris, J. Boudot, 1711), pp. 233-246 delle Mémoires Link esterno Google libri (per Österreichische Nationalbibliothek, Wien).

Ristampa in: Recueil de mémoires, ou collection de piéces académiques, vol. 2 (Dijon, F. Desventes & F. Fournier, 1754), pp. 752-761 Link esterno Google libri (per Harvard University).



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