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Delizie in villaJean-Étienne MontuclaHistoire des mathématiques (1802) 1 |
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Delizie in villaJean-Étienne MontuclaHistoire des mathématiques (1802) 1 |
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L'éclipse du 12 mai 1706 fut totale, et avec demeure pour les parties méridionales de la France, et pour Paris de onze doigts; jamais éclipse, dit Cassini, Mémoires de l'Académie de 1706, n'eût des observateurs plus illustres que celle-là. En effet, quoique par les calculs de Cassini elle ne dût qu'approcher d'être totale pour Paris, le Roi (Louis XIV) voulut l'observer à Marly, avec le grand Dauphin et sa cour, et y manda Cassini, qui en fit l'observation en leur présence. Le grand Dauphin y prit une part spéciale, et fut le premier qui apperçut le bord du soleil échancré, au sortir des nuages.
Cette éclipse fut totale et avec demeure pour une longue bande de terre en Europe, depuis Séville, en traversant l'Espagne diagonalement, les parties méridionales de la France, une partie de la Suisse et de l'Allemagne, la Pologne, et les pays qui sont plus au nord-est, jusqu'à la mer glaciale. Montpellier fut une des villes où elle fut observée avec plus de soin par Bon, Plantade et Clapiez. La durée de l'obscurité totale fut d'environ cinq minutes. Dans cet intervalle de temps, on aperçut les planètes et les étoiles; les bestiaux épouvantés fuyoient des champs, et regagnoient leurs étables avec des signes de frayeur. Les oiseaux de nuit sortoient de leurs retraites, et ceux du jour voir tigeant avec des signes d'épouvante, recherchoient leurs abris. On peut juger que les habitans des campagnes, encore moins instruits qu'ils ne le sont aujourd'hui, furent pénétres de terreur. L'obscurité qui régnoit ne pou voit être cependant comparée ni à la nuit véritable, ni au crépuscule. On voyoit à l'entour du disque obscur de la lune, une espèce d'anneau lumineux, qui s'étendoit en s'affoiblissant, jusqu'à quatre degrés et demi environ de tout côté. Ce ne pouvoit néanmoins être un anneau du disque solaire; car le soleil étant alors voisin de son apogée, et la lune presque périgée, le diamètre apparent de celle-ci excédoit de plus de deux minutes celui du soleil. D'ailleurs, au moment où la lune laissa apercevoir la plus partie du disque solaire, ses rayons formant comme un éclair, jettèrent une [<95-96>] lumière incomparablement plus vive, et ramenèrent le jour; mais un jour d'abord pâle, et ayant au commencement quelque chose de funèbre.
Cette éclipse fut observée à Madrid par le père Cassani; à Avignon, par quelques jésuites astronomes; à Toulon, par le père Laval et M. de Chazelles; à Gênes, par M. Salvago;2 à Bologne, par Manfredi et Stancari; à Rome, par Bianchini; à Modène, par le père Fontana; à Strasbourg, par Eisenschmidt; à Nuremberg, par Wurzelbaur; à Berlin, par Hofmann; à Breslau, par le père Heinrich, etc. Elle fut totale avec plus ou moins de durée à Madrid, à Montpellier, à Avignon, à Marseille, Toulon, Genève, Zurich, Breslau, conformément à la trace lunaire que Cassini a voit marquée sur le planisphère, et qu'il avoit présentée à Louis XIV.
L'apparence d'un anneau lumineux que présenta cette éclipse, au moment de la plus grande obscurité, donna lieu à des conjectures sur la cause de ce phénomène. Il y eut des astronomes qui l'attribuèrent à une inflexion des rayons solaires, occasionnée par l'atmosphère de la lune. Mais Cassini n'étoit point de cet avis, et d'après les phénomènes qu'il avoit observés lors des occultations des étoiles par cette planète, il ne pensoit pas qu'elle eût un atmosphère aussi considérable. Il en trouve la cause dans cette lumière zodiacale, dont il avoit fait la découverte, et qui environne le soleil sous la forme d'une atmosphère lumineuse et lenticulaire; il appuie son explication de cette circonstance, que cet anneau lumineux étoit infiniment moins éclatant que la lumière même du soleil; car si-tôt qu'un trait dela lumière directe parut, l'anneau disparut. Sil n'y eût qu'un espace un peu éclairé autour de la lune, jusqu'à 4 à 5° de son disque, quoique l'atmosphère solaire s'étende beaucoup plus loin, cela vient, dit-il, de ce qu'elle décroît de splendeur à mesure qu'elle s'éloigne du soleil, et que l'obscurité n'étoit pas assez grande pour la faire apercevoir au-delà. Nous n'en dirons pas davantage ici sur ce sujet, parce nous aurons ailleurs occasion de parler de cet anneau lumineux, dont l'explication a beaucoup occupé Delisle, Maraldi, et plusieurs autres.
1 J.-É. Montucla, Histoire des mathématiques, a cura di J.-J. de Lalande, vol. 4 (Paris, H. Agasse, 1802), pp. 95-96 
Google libri _A_ (per Universidad Complutense de Madrid) e _B_ (per Université de Lausanne). Trascrizione puntuale, anche negli accenti ora superati.
2 L'osservazione è compresa nelle Opere edite.
